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Learning expedition à San Francisco

Nous avions décidé que 2018 serait l’année de la conquête de l’Ouest pour Fabriq. Bloc-notes et sac à dos, j’ai pris un aller-retour pour San Francisco afin d’y passer une semaine, durant laquelle je rencontrais des agences partenaires, prospects, et prendre la température de l’innovation et de ce qui fait la particularité de la Silicon Valley.



San Francisco : une ville à deux vitesses

Si je devais résumer mon séjour en Californie, précisément dans la vallée comme l’appellent les initiés, ce serait le Far Ouest. Tout au long de mon séjour à San Francisco, plus d’une semaine au total, j’ai eu ce sentiment d’être dans une ville incroyablement dynamique, comme du temps de la ruée vers l’or. La conquête de l’Ouest semble encore faire rêver quelques uns.


C’est la ville du rêve américain. Ca se sent et ça se voit. En marchant sur Downtown, on peut constamment sentir l’odeur de la weed (oui, c’est légal de fumer de l’herbe en Californie et les drogues dures ont été dépénalisées), et voir dans les mêmes proportions, autant de SDF que de voitures électriques Tesla sur les routes de la Silicon Valley. C’est la ville aux “10 000 Sans Domicile Fixes”. La ville vient tout juste de voter une nouvelle loi pour taxer les entreprises technologiques à hauteur de trois cent millions de dollars afin de reloger les ‘Homeless’. Marc Benioff (Salesforce) et Jack Dorsey (Twitter) se sont livrés un combat public féroce sur Twitter et par médias interposés, puisque le premier reprochait son désaccord au second sur cette nouvelle taxe. Marc Benioff bénéficie d’une image de Bruce Wayne dans la ville. “Je peux tout pardonner à Marc Benioff” me lançait Janice, mon guide pour une journée dans la Silicon Valley. “Sa famille vit depuis quatre générations à San Francisco” continuait Janice. Elle n’a pas mentionné que c’était le plus grand employeur de San Francisco, il a même plus d’employés que la Ville. Ils ont inauguré en début d’année leur nouveau gratte-ciel qui surplombe la ville, une manière de montrer au monde qu’ils dominent la vallée. Le coeur de la ville bat au rythme des grandes messes organisées par les grandes entreprises locales. Par exemple, chaque automne, Salesforce organise son Dreamforce pour accueillir ses clients et partenaires venus du monde entier et démontrer toute leur puissance en un tour de force. Plus aucune chambre d’hôtel de libre, les VTC Uber et Lyft affichent complet et enregistrent des recettes record.


San Francisco est au diapason des nouvelles technologies. Ses nombreux cafés accueillent des entrepreneurs, des développeurs et des investisseurs qui se retrouvent pour se vendre et s’échanger des idées. Durant ce séjour, je pense avoir englouti un volume de café équivalent à celui de la Seine en période de crue, puisque la majorité de mes meetings ont eu lieu dans l’un des milliers de cafés de la ville. Le coût de la vie est excessivement élevé. Les prix des loyers sont eux devenus inaccessibles pour la plupart des employés qui y travaillent.


La communauté française n'a jamais été aussi forte et solidaire que dans la vallée. Tout le monde se connaît, puisque de nombreux événements sont organisés par différentes organisations, notamment le Consulat de France, Business France ainsi que d’autres organisations privées (The Refiners, Parisoma, French Founders, etc.), qui promettent de mettre en relation les Français et les aider à s’installer aux États-Unis.


Pour résumer, j’avais cette impression que tout allait très vite, toute la ville vivait à la quête de cette fameuse poignée de dollars. Les nouvelles technologies font partie du quotidien. Les publicités affichées en extérieur, vantent les mérites de l’intelligence artificielle et la productivité au travail. Quand les annonceurs dans d’autres pays mettent plus en avant les produits de grande consommation.


Par exemple un foyer dans la Silicon Valley, constitué de deux adultes et deux enfants, a besoin de 200 000 dollars par an pour survivre. Les besoins sont très importants, notamment les frais scolaires qui requièrent au moins 20 000 dollars par enfant et par an. La couverture santé quant à elle, nécessite un budget de 2 000 dollars par mois, pour toute la famille.


Les startups dans la Silicon Valley ont de forts besoins de talents d’un niveau VP (Vice President). Les salaires de cette catégorie d’employés sont très élevés, variant de 300 000 à 400 000 dollars par an. La contrainte salariale a vu émerger une nouvelle forme de part-time VP. Ces Vice présidents se rendent une fois par semaine dans des startups pour passer une journée avec le staff en manque d’expérience, contre la modique somme de 10 000 dollars par mois. Les juniors profitent de l’expérience Master/trainee pour se développer et en faire bénéficier leur entreprise. Tout le monde semble y trouver son compte.


L’attractivité de la Silicon Valley

Dans le musée de la société Intel, on peut y lire en très grand sur un mur blanc “Don’t be encumbered by history. Go off and do something wonderful.” Cette citation est le fruit de Robert Noyce, co-fondateur de la société Intel, société à l’origine des premiers semi-conducteurs, inscrits à jamais dans l’ADN de la région. Il est surnommé le maire de la Silicon Valley. J’apprends d’ailleurs que Janice, mon guide lors de cette journée de visite dans la Silicon Valley, avait donné quelques cours de motivation pour arrêter la cigarette à des personnes qui sont à la recherche d’accompagnement dans leur combat face à l’addiction. Parmi les “fumeurs anonymes” dans une de ses classes, il y avait ce cher “Bob” Noyce qui s’est fait remonter les bretelles par Janice car il n’avait pas tenu sa promesse de résister à la tentation de fumer. Il en est mort quelques temps après.


Mon expédition dans la Vallée a débuté dans les bureaux de la Silicon Valley Innovation Center, à 35 km au sud de San Francisco. Une organisation qui accueille des entrepreneurs, dirigeants et autres décideurs, venus du monde entier pour qu’on leur explique les enjeux de la quatrième révolution industrielle et le futur du business. Pendant que Russel, ancien employé de HP, déroulait sa keynote, un groupe de PDGs, ou devrais-je dire CEOs, de 5 banques venus du monde entier pour prendre la température sur leur secteur d’activité. En somme, comment les Fintech ambitionnent de leur grappiller des parts de marché, voire de rendre les banques traditionnelles obsolètes. Russel nous expliquait que la semaine suivante il devait accueillir un groupe de 70 français travaillant dans l’univers de la banque également.


Une fois la keynote de Russel terminée, il était temps d’aller faire un tour en Tesla Model X. C’était l’occasion de nous présenter la magie de la voiture autonome et électrique, avant de se diriger vers le campus de l’université de Stanford. Celle qu’on appelait autrefois la Harvard de l’Ouest. Aujourd’hui, Harvard est surnommée la Stanford de l’Est.


L’université compte plus de 700 bâtisses majeures. Le campus dispose de sa propre caserne de pompiers et un commissariat de police. On compte pas moins de 20 prix Nobel étant passés par les bancs de l’université et quelques 50 milliardaires, qui aujourd'hui soutiennent l'université par tous les moyens. Parmi les célèbres dirigeants d’entreprises connues, on y trouve Google, HP, Yahoo, Microsoft, Nike, Sun Microsystems, YouTube, Linkedin, Netflix, Instagram, Intel, Dolby, ainsi que d’autres hommes et femmes politique, célébrités etc.


Hormis la qualité académique des programmes suivis à Stanford, il existe une émulsion exceptionnelle, un carrefour vers lequel convergent les programmes théoriques, les idéations notamment avec des entreprises de la région, des programmes de recherche ainsi que des organisations installées dans le campus même afin d’influencer les futurs décideurs. Les anciens ont un poids considérable, notamment David Kelley, fondateur de IDEO et créateur de Hasso Plattner Institute of Design au sein de Stanford : la mecque du Design. On y trouve des conférences, des rencontres de designers et ingénieurs, qui procèdent à de l’idéation dans chaque coin du building. Et pour moi, ce lieu de rencontre et de réflexion, c’est l’essence même de la Silicon Valley. On ne se contente pas de faire ce qui a toujours été fait. On va toujours au delà des limites et du conventionnel.


Puis la journée a continué en visitant les campus Apple Park et Googleplex, le musée d’Intel, et la visite de quelques maisons de dirigeants d’entreprise en mode paparazzi.


Ce que je retiens de cette semaine de visite dans la Silicon Valley, c’est cet écosystème qui est si particulier, où se rencontrent financiers, entrepreneurs, talents, technologie, apprentis, enseignants, richesse, recruteurs, rêveurs, miséreux et passionnés. Ils se retrouvent dans tous les points de rencontres de la ville, pour échanger sur les sujets tech et business, signer des chèques pour des investissements autour d’un café. Loin de ce qu’on peut imaginer des rencontres investisseurs/entrepreneurs dans des bureaux sombres pour réaliser des transactions. Ils ont tous un seul et même objectif : réaliser leur rêve américain.


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